Ce jeudi, les députés ont adopté la loi n°2024-34 portant loi de finances pour la gestion 2025 équilibrée en ressources et en charges à la somme de 3 551, 005 milliards de Fcfa. Si les 81 députés de la majorité ayant voté pour ont jugé ce budget ambitieux, transparent, rigoureux, prenant en compte les aspirations des populations, les 28 députés du parti « Les Démocrates » l’ont qualifié d’irréaliste, impertinent et peu crédible.
En effet, c’est sans grande surprise que les députés de l’opposition ont rejeté le budget général de l’État, exercice 2025. Ils l’ont déjà fait l’année dernière et au-delà du rejet du budget, c’est contre presque tout qu’ils votent au sein du parlement. Pour justifier ce qu’il convient de qualifier désormais d’une cécité politique, leur porte-parole, l’honorable Habibou Woroucoubou, a peint en noir la gouvernance du régime en place, relevé les insuffisances du budget général de l’État soumis à leur examen.« La gouvernance économique sous le régime de la rupture est marquée par l’opacité, les conflits d’intérêts et une corruption persistante, exacerbée par la généralisation des marchés de gré à gré, devenus la norme depuis 2016. En 2023, 250 marchés ont été attribués de cette manière, suscitant des doutes sur la transparence et la gestion des fonds publics », a d’abord lancé l’honorable Habibou Woroucoubou.
À l’en croire, la transformation structurelle de l’économie reste illusoire, la promotion des chaînes de valeur peine à se concrétiser, et le climat des affaires « favorise un cercle restreint de privilégiés, marginalisant les opérateurs économiques nationaux. L’attribution des grands chantiers de l’État profite majoritairement à des expatriés, sans mécanismes pour soutenir les acteurs locaux. Cette situation compromet la souveraineté économique et rend le budget 2025 peu pertinent, crédible ou réaliste pour une croissance durable et inclusive », a-t-il indiqué avant d’ajouter « le mécanisme du programme de vérification des importations (PVI) au port de Cotonou a fortement renchéri le panier de la ménagère, doublant les prix des produits de première nécessité sans aucune augmentation des revenus des travailleurs ni mesures d’atténuation prévues dans le budget 2025, laissant les Béninois face à une situation préoccupante ».
Les députés de l’opposition dénoncent également la baisse de la part de l’investissement dans le budget de l’État, qui passe de 44,8% en 2020 à 36,4 % en 2025. Selon eux, cette baise « soulève des inquiétudes sur le réalisme du budget 2025 et son impact sur la croissance et le développement économique et social du Bénin ».Pour lui, « tout porte à croire que le développement du secteur industriel tant voulu par le pouvoir de la rupture devrait s’opérer en faveur des industriels et inconséquemment au détriment des producteurs du secteur agricole. C’est ce qui explique l’accaparement sur fond de brutalité des produits agricoles au mépris des règles du commerce et de libéralisme économique. La fermeture en cascade des magasins de soja supposément dans l’intention d’approvisionner certains industriels déployés par le pouvoir de la rupture, démontre à suffisance le manque de vision et l’absence de plan de développement du secteur industriel en lien avec la promotion du secteur agricole », ont-ils martelé.
L’autre raison qui motive le rejet de cet important outil de développement est le retour du délestage au Bénin malgré le coût élevé de l’énergie par rapport à la sous-région. L’honorable Habibou Woroucoubou estime que cela « met en péril la croissance liée au secteur de la transformation ». Il soutient que le « peuple béninois subit une cherté de la vie croissante, exacerbée par une hausse spectaculaire des prix des produits de première nécessité, comme le bidon d’huile de 25 litres, passé de 13 500 FCFA en 2016 à 40 000 FCFA en 2024. Pendant ce temps, le pouvoir de la rupture se contente de promouvoir une illusion de développement réduite à quelques rues asphaltées. Pire encore, aucune mesure d’atténuation n’est prévue dans le budget 2025 pour alléger les souffrances de nos compatriotes ».
Le porte-parole des députés de l’opposition dénonce aussi la part de l’éducation dans le budget 2025 soit 18%, qui en dessous des recommandations du Partenariat Mondial pour l’Éducation (20%) et du PND (24,7%). « Les investissements dans le secteur ont chuté, passant de 23,6 % en 2024 à 18% en 2025, entraînant une détérioration des performances. Le taux d’achèvement au primaire est tombé de 79% en 2015 à 64,9% en 2024, et celui du secondaire de 44,4% à 29,4%, bien en deçà des cibles respectives de 80% et 70 %. Le système éducatif béninois s’affaiblit dangereusement sous le régime actuel. Pour les soutiens de la rupture, tout se résume aux cantines scolaires », a-t-il déclaré relevant par ailleurs que « la protection sociale régresse, avec une part de 4,8% dans le budget 2025 et seulement 8,4% de la population bénéficiant d’un service social, malgré les nombreux programmes en place ». Autant d’insuffisances contenues dans le budget, gestion 2025 et qui justifient leur décision, celle de rejeter le document.
Toutefois, ce rejet soulève plusieurs interrogations quant à la sincérité du combat de l’opposition. Non seulement elle rejette le budget de l’institution à laquelle elle appartient mais aussi celui qui permettra au gouvernement de réaliser ses ambitions, de payer les salaires, de répondre aux besoins des populations et surtout de corriger les insuffisances relevées plus haut. Une posture qui devient de plus en plus inexplicable.