L’ancien Directeur général de la police nationale, Louis Philippe Houndégnon s’est prononcé sur la disparition de Pierre Urbain Dangnivo. Dans une interview accordée à la chaîne YouTube Zapping 229, il a exprimé son indignation face au silence des autorités concernant les cas de disparition et découverte des corps sans vie notamment celui de Pierre Urbain Dangnivo, disparu depuis août 2010.
En effet, 14 ans après, Pierre Urbain Dangnivo n’est toujours pas retrouvé et les responsabilités ne sont toujours pas situées. Au regard du silence des autorités depuis tout ce temps, Louis Philippe Houndégnon estime que l’affaire a été politisée « Dans l’affaire Dangnivo, je peux vous garantir que ce qui a été fait, c’est qu’il y a eu une politisation du dossier. Ce que je demande aux amis d’en face (le régime en place), les gens ont critiqué, ils ont estimé que rien n’a été fait, que tout a été mal fait dans l’affaire Dangnivo, mais ils sont là depuis près de neuf ans maintenant et le dossier n’a pas bougé. Qu’on nous montre réellement les assassins de Dangnivo », a déclaré l’ancien DGPN avant de confier « Ce que vous ne savez pas, j’ai suivi le dossier Dangnivo sérieusement quand il était en fonction et j’avais milité à l’arrestation même de l’un des assassins qui était en fuite et vous savez qui c’est ? c’est quelqu’un que j’ai interpellé déjà dans un dossier d’assassinat et de cambriolage de la pharmacie sopavée à l’époque et que nous avons ramené de Lomé, après il s’est réfugié à l’époque au Nigeria, je ne sais pas là où il se trouve aujourd’hui », a révélé Louis Philippe Houndégnon.
14 ans après, l’ancien patron de la police ne comprend toujours pas « ce qui empêche le gouvernement de retrouver l’assassin de Dangnivo. L’administration est une continuité, on ne va pas raisonner sur nous facilement, non », a-t-il martelé.
Selon ses explications, les différentes disparitions constituent « un recul démocratique », car, pour lui, « le fait que la constitution et la charte africaine des droits de l’homme aient prévu le droit à la vie et aient prévu également que la personne humaine est sacrée, créent des obligations à la charge de l’État. Et quels types d’obligations ? Non seulement l’obligation de la sécurité, du métier de l’ordre, mais l’obligation d’ouvrir des enquêtes quand il y a décès. C’est une obligation à la charge du Bénin ».
Toutefois, Louis Philippe Houndégnon « accuse les parents aussi. Ceux qui viennent me voir pour dire, j’ai pas retrouvé mon frère, mon enfant. Je dis non mais qu’est-ce que vous faites vous aussi ? Avez-vous aussi peur d’aller au moins voir le procureur de votre milieu pour déposer une plainte ? Ils disent ah on ne peut pas déposer une plainte maintenant on a peur », a révélé cet officier mis à la retraite forcée. Il en appelle à la responsabilité de la police républicaine et de l’État pour mener des enquêtes approfondies afin de faire la lumière sur ces cas de disparition qui se multiplient.
Pour rappel, Pierre Urbain Dangnivo était un cadre du ministère de l’Économie et des Finances du Bénin. Le 23 août 2010, la fédération des syndicats du ministère chargé des finances (Fesyntra-Finances) a annoncé sa disparition dans la nuit du mardi 17 août 2010 vers 21 h alors qu’il rentrait de service à bord de sa voiture, une Audi 80 immatriculée AC 2223 RB4.