Dans le cadre de la valorisation du patrimoine culturel immatériel prônée par le gouvernement béninois, la Direction Départementale du Tourisme, de la Culture et des Arts du Mono-Couffo a organisé un concours dénommé art oratoire sur les panégyriques claniques à l’intention des apprenants des six communes du Mono. Ce concours, inscrit dans le Plan de Travail Annuel (PTA) 2024 de la DDTCA/Mono a eu lieu au CEG Grand-Popo ce vendredi 6 décembre 2024 et vise à faire deux, des ambassadeurs culturels du département du Mono.
En effet, les panégyriques claniques sont des paroles laudatives générées à l’intérieur d’un clan dont les membres se voient, à diverses occasions, couverts, honorés dans une sorte de reconnaissance identitaire, de continuité par rapport à leurs ascendants, à leurs divinités totémiques ou à leurs ancêtres tutélaires. Cependant, force est de constater que ce patrimoine culturel immatériel est de plus en plus ignoré et délaissé surtout avec l’influence de la culture occidentale. C’est donc dans le souci de préserver et de favoriser la transmission de ce patrimoine culturel immatériel en perte d’usage que la DDTCA/Mono-Couffo sous la houlette de Comlan Rock Gnassounou-Akpa a initié ce concours d’art oratoire qui a connu sa phase départementale ce vendredi où les meilleurs aux phases communales se sont affrontés devant un émérite jury, des acteurs culturels et un impressionnant public.
Pour le compte de cette phase, cinq candidats issues des communes de Lokossa, Bopa, Houéyogbé, Athiémé et Grand-Popo ont démontré leurs talents à travers des discours impréognés de la richesse des traditions du Mono. Sur la base des récits artistiquement rythmés et majestueusement délivrés, les représentants de chaque commune ont su révéler l’aspect caché dans ce moyen de communication. À travers leurs différents panégyriques, les apprenants ont démontré qu’il ne suffit pas d’être forcément de la lignée pour bien s’approprier les paroles dites mais qu’il faut surtout être averti pour percevoir le contenu desdites paroles. Les résultats sont éloquents, évocateurs et montrent la portée de ce concours. En effet, à l’issue des présentations, c’est Akpolou Afiavi Yolande de Grand-Popo qui a damé le pion à ses challengers avec une moyenne de 18/20, Tatou Chantal de Bopa, se classe deuxième avec une moyenne de 17,33/20, Bessan Véronique de Houéyogbé décroche la troisième position avec 17/20, Sabine Kpehoun de la commune d’Athiémé a terminé 4eme avec une moyenne de 16,33/20 et Santos Anagonou de Lokossa a fermé la manche avec 14,66/20 de moyenne. La commune de Comé a brillé par son absence.
Pour le DDTCA/Mono-Couffo, ce concours met tout simplement en lumière l’importance des panégyriques, ces discours traditionnels qui célèbrent l’histoire et les figures emblématiques des communautés. À en croire Comlan Rock Gnassounou-Akpa, les panégyriques jouent un rôle fondamental dans la transmission des valeurs endogènes « Les panégyriques sont des trésors de notre patrimoine culturel. Ils honorent nos ancêtres et nos chefs traditionnels, tout en retraçant l’histoire de nos communautés. Nous avons constaté que ce patrimoine culturel souffre de l’ignorance et du rejet systématique dû à la domination de la culture occidentale. L’ objectif est donc de renouer avec les pratiques qui constituent l’identité des peuples du Département du Mono. Pour cette édition, nous avons choisi les élèves parce qu’ils constituent un vecteur de transmission pour inculquer aux générations futures la valorisation de nos pratiques endogènes », a-t-il indiqué dans son discours avant de lancer « Chers enfants, vous êtes des ambassadeurs et nous sommes conscients que dans vos différentes familles, vos panégyriques seront désormais un facteur de développement ».
C’est en cela qu’il a salué les efforts du gouvernement du Président Patrice Talon, pour promouvoir la culture nationale et en faire un levier de développement. Une vision et une volonté qui sont d’ailleurs matérialisées par la récente nomination des différents directeurs généraux des Agences de Sauvegarde de la Culture notamment l’Aire culturelle Adja Tado, Montagnes, Grand Borgou et Yoruba. À travers des actions comme celle-ci, le département du Mono montre la voie pour une meilleure préservation de nos identités culturelles. Une voie que le département du Couffo s’apprête à emprunter le vendredi 13 décembre prochain.