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Manque de militantisme des jeunes au sein des partis politiques : Christophe Agbodji et Éphrem Tossavi analysent

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Invités respectivement sur la Radio Mono et Betsaleel FM de Zoungbonou samedi dernier, le Conseiller Communal de Houéyogbé Christophe Agbodji et l’ancien Coordonnateur communal du Bloc Républicain section de Houéyogbé Éphrem Tossavi ont donné leur lecture par rapport au manque de militantisme noté chez les jeunes au sein des partis politiques. Ils ont également abordé plusieurs autres sujets dont la réforme structurelle de la décentralisation et le dossier Steve Amoussou.

En effet, sur le premier sujet, les deux leaders politiques de la commune de Houéyogbé sont allés dans le même sens. Pour eux, les jeunes ne sont plus engagés comme il faut et ne s’impliquent plus dans le développement de leurs communes. Christophe Agbodji estime que rien ne s’obtient facilement en politique. Même s’il admet que le parrainage est important à un moment donné, l’élu du parti Union Progressiste le Renouveau soutient qu’il faut cependant avoir un parcours « à un moment donné, il faut que quelqu’un décide de votre sort parce qu’on n’est jamais là quand les décisions se prennent. Il faut forcément que quelqu’un soit là à évoquer un nom. Donc la politique ne se fait pas totalement sans parrainage ». Mais il n’y a pas que ça, clarifie-t-il « Il faut avoir un parcours. Il faut avoir un rêve. Moi, je me rappelle avoir déménagé de Cotonou pour me retrouver dans le Mono. J’étais alors directeur de publication du journal Le Meilleur. J’ai démissionné de mon boulot, pas parce qu’il y avait un problème mais j’avais un objectif à atteindre en 2016. Et rien que pour ça, j’ai tout laissé tomber à Cotonou. Il faut être plus proche de la base. Donc il faut déjà que j’ai ce courage-là et que je l’exprime. Je ne pense pas avoir été élu conseil communal sans avoir eu ce courage-là. Après, il faut être actif sur le terrain. Il faut se démarquer des autres. Parce qu’évidemment, je n’étais pas le seul jeune à avoir ce rêve. Maintenant, qu’est-ce qui vous différencie des autres jeunes ? Pourquoi est-ce qu’on doit vous choisir plutôt que d’autres ? Vous avez beau avoir des rêves, vous avez beau être actif, mais à un moment donné, il y a également d’autres personnes et il faut que certaines personnes décident de qui prioriser, de qui ne pas prioriser. Et c’est là que se joue le parrainage et votre militantisme », a indiqué Christophe Agbodji.

En revanche, poursuit-il, « le parrainage ne doit pas exclusivement être vu sous l’angle d’un cadeau, d’un don ». Pour lui, « Le parrainage peut également être perçu comme le résultat d’un activisme, le résultat d’une activité, d’un parcours. C’est un terrain difficile, surtout pour un jeune comme nous, où on a d’autres noms, des gens qui sont là depuis 22 ans, depuis 25 ans. Vous devez vous battre pour faire une place dans cette arène-là. Ce n’est pas facile. Il faut avoir la maîtrise du terrain et être proche des populations. Elles ne demandent que ça d’ailleurs », a-t-il affirmé.

Même analyse du côté du Dr Éphrem Tossavi. Ce membre fondateur du parti Bloc Républicain pense qu’un militant a besoin d’avoir de la notoriété. Et pour l’avoir, il faut participer aux actions de développement de votre commune. « Vous ne pouvez pas être quelqu’un qui croise les bras et on ira vous chercher du néant pour dire « Voilà, c’est vous », a-t-il d’abord lancé. En se basant sur la définition littéraire du militantisme qui est un engagement associatif ou politique en faveur d’une cause qui vous tient à cœur où on donne de son temps à une organisation en tant que bénévole dans le but de valoriser, interpeller, voire rallier des citoyens aux actions de l’association ou aux actions du parti politique, le responsable du Siège départemental du BR dans le Mono, pense par contre qu’il faut faire la nuance entre le militantisme et l’adhésion.

« Aujourd’hui, beaucoup ne sont que des adhérents et ne militent pas réellement parce que les adhérents sont juste des personnes qui sont affiliées à un parti politique dont elles possèdent juste la carte. Alors que le militant, quant à lui, est un adhérent actif. Ce qui signifie qu’il accepte de faire même de façon bénévole un travail de terrain et de participer à la vie du parti politique. Il doit s’impliquer. Lorsque vous ne participez pas et ne vous impliquez pas, vous êtes un adhérent », a affirmé Éphrem Tossavi. Il souligne qu’être un bon militant n’a pas besoin nécessairement d’avoir de gros moyens financiers. « Ce qui identifie un militant dans un parti politique, c’est aussi de concevoir des projets qui vont permettre le développement de votre localité. En un mot, le militant, c’est celui-là qui observe sa société, qui observe son environnement immédiat et cherche à apporter des solutions aux problèmes. Donc, ce n’est pas forcément les moyens financiers », a-t-il martelé.

Mais fondamentalement qu’est-ce qui explique alors ce manque de militantisme noté de plus en plus chez les jeunes. À cette préoccupation, les invités de Radio Mono et de Betsaleel FM ont expliqué qu’il y a non seulement un manque de vision mais aussi parce que les jeunes adhèrent aux partis pour les intérêts personnels et immédiats et non pour défendre les idéologies de leurs partis politiques. Pour eux les jeunes rallient les partis politiques sans aucune vision et sans connaître leurs idéologies « Nous avons toujours été habitués à avoir un leader et on pense que tout le travail qu’on faisait, c’était pour ce leader-là. On se dit ça ne me concerne pas de toutes les façons », « De façon générale, il y a un manque d’engagement de la part des jeunes. On s’intéresse très peu à la façon dont on conçoit le développement, à la façon dont on met en oeuvre le développement. On se résout dans un rôle de celui qui subit le développement, de celui qui subit les politiques publiques. Et ça, c’est déjà de la maison que ça commence. Ça dépend de quelle famille vous êtes, comment ça se passe dans la famille », ont respectivement analysé Dr Éphrem Tossavi et le conseiller Christophe Agbodji.

Pour corriger le tir, les deux ont invité les jeunes à intégrer des associations, à se donner à fond, à faire preuve de détermination, de résilience, de discipline et surtout à se former. Et c’est en cela qu’ils estiment que les partis politiques doivent impérativement rendre opérationnelles leurs écoles de formation.

L’autre sujet qui a intéressé ces deux cadres de Houéyogbé est relatif à la réforme structurelle de la décentralisation qui a conduit à l’avènement des Secrétaires Exécutifs dans les mairies. Christophe Agbodji et Éphrem Tossavi ont salué la réforme qui selon eux, permet d’impulser un nouveau développement à la base et de faire la part des choses. Toutefois, ils reconnaissent qu’il y a encore des choses à corriger pour l’atteinte des objectifs que le Président Patrice Talon s’est fixés en initiant la réforme. Ils parlent par exemple du manque de vision de la plupart des SE tirés pour les communes dans lesquelles ils sont envoyés. Ils ont également mis l’accent sur la pénibilité de la collaboration entre ces cadres et les Maires surtout dès les premiers mois de la réforme. « Depuis un temps, il y a eu une certaine accalmie, donc de plus en plus, on comprend l’esprit et on s’adapte. Mais, mon opinion sur la question est que d’ici quelques années, il nous faudra toiletter encore ces tests-là pour les réadapter aux réalités qu’on a vécues sur le terrain », a suggéré l’ancien journaliste Christophe Agbodji. Et à Dr Éphrem Tossavi de renchérir « Cette réforme est à saluer. Même si cela crée parfois des conflits d’attribution on ne peut que saluer cela pour promouvoir le développement réel à la base ».

Interrogés sur le dossier de Steve Amoussou enlevé à Lomé, Christophe Agbodji et Éphrem Tossavi ont salué la célérité avec laquelle la justice béninoise a vidé le premier pan du dossier avec à la clé, la condamnation des ravisseurs de l’activiste. Ce qui prouve, selon eux, que les droits de la victime qui s’est constituée en partie civile sont reconnus. Pour eux, cela augure donc d’une bonne suite dans cette affaire. C’est pourquoi ils invitent les Béninois à avoir confiance à la justice béninoise qui se basera rien que sur les faits et les preuves pour situer les responsabilités.

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